Parole à l’auteur Gabriel Osson
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Bonjour Gabriel et bienvenue sur notre blogue. Dans cette rubrique, nous voulons donner la parole à nos auteur.es afin qu’ils/elles partagent leur expérience d’écriture en prévision de la sortie d’un nouveau titre.
1. Votre nouveau livre intitulé Les voix du Chemin sortira très prochainement, comment vous sentez-vous?
Fébrile, excité et serein tout à la fois. Après avoir travaillé et retravaillé le manuscrit pendant deux ans, il était temps que je le laisse prendre vie et voler de ses propres ailes. Ce n’est pas cependant sans une certaine appréhension. Je me demande toujours avant une parution, comment va-t-elle être reçue, perçue? Et puis, je tiens le livre dans mes mains, matière inerte à souhait qui ne prendra vie que quand quelque le lira. Là, je ressens encore toute la fierté éprouvée lors de ma première vente, la première signature à un salon du livre. J’espérais après que la personne ne s’était pas aperçue que ma main tremblait.
2. Dans quel contexte avez-vous rédigé cet ouvrage?
Ce récit fait suite à un premier qui m’avait conduit sur le chemin de Compostelle. Si le premier parlait du parcours, du ressenti et des leçons de la route, cette version est un peu plus personnelle qui m’a forcée d’aller puiser loin en moi, trouver des ressources que je ne savais pas posséder. Malgré les difficultés qu’imposaient cette introspection, elle m’a forcée à me mettre à nu et dire des choses jamais révélées sur moi jusqu’ici et qu’une certaine pudeur m’empêchait d’étaler au grand jour. Je suis de naturel timide, vous ne le savez peut-être pas. Je ne parle que peu de moi, en tout cas, peu des choses profondes qui m’habitent. On connait tous le Gabriel extérieur, combien peuvent dire qu’ils connaissent l’autre que je ne dévoile presque jamais. J’ai pu, en écrivant cette version et sur l’impulsion de Suzanne, faire la paix avec moi et les autres, surtout ma fille avec qui j’ai eu une relation plutôt tendue, à me débarrasser de boulets invisibles, émotionnels et je me suis senti soulagé. J’ai beaucoup douté, hésité sur ce que je devrais dire, ne pas dire, pleuré un bon coup, eu de grands moments d’incertitude. On sent toujours qu’en libérant la parole, on écorche des gens au passage mais, ce n’est pas intentionnel. J’ai eu de grandes discussions avec mon épouse à savoir si c’est trop ou pas assez. J’ai adouci, durci, repris maintes fois des passages, enlevé des chapitres, remis d’autres et me suis questionné, sans cesse, jusqu’à la fin.
Cet ouvrage m’a permis aussi une grande rétrospection sur ma vie d’avant le Camino, ce qui m’y avait vraiment conduit et surtout l’après avec tout le cheminement, et tout ce que cela comporte de changement, d’angoisse et enfin du mieux-être ressenti après l’avoir terminé. J’ai refait en quelque sorte l’introspection du chemin que je devais refaire jusqu’à ce que je sois arrêté par la maladie.
3. Vous êtes officiellement le premier auteur des Éditions Terre d’Accueil et nous vous remercions pour votre confiance. Quel effet est-ce que cela vous procure?
C’est pour moi tout un honneur de pouvoir travailler avec cette petite maison d’édition à ses débuts à laquelle je prédis de grandes choses. Je me sens choyé d’avoir pu collaborer avec Suzanne pour faire avancer le projet et je la remercie aussi pour sa confiance. Publier un livre est selon moi, toujours un acte de foi de la part de n’importe quel éditeur. Publier son premier livre, celui qui va marquer tout le parcours, c’est se jeter dans le vide sans parachute et sans histoire sur laquelle s’appuyer. Les critiques vautours sont toujours aux aguets prêts à décortiquer, à déchiqueter sans penser aux sacrifices et aux efforts que tout ceci comporte.
4. Quels souvenirs garderez-vous de cette première collaboration avec nous?
Une collaboration étroite et une personne à l’écoute. Ce qui est intéressant c’est la proximité avec l’éditrice et ce malgré les va-et-vient des versions. Je sens que je fais partie de quelque chose de plus grand. Tout s’est fait sans heurts dans un esprit de symbiose. Les souvenirs, nous sommes en train encore de les créer et je pense qu’il faudrait écrire l’histoire de cette première naissance pour la laisser à la postérité. Mon cheminement d’un côté et le travail en arrière-scène de l’éditeur de l’autre côté. J’ai déjà hâte aux prochains projets.
5. Qu’espérez-vous que les lecteurs retiennent après la lecture de ce récit?
D’abord, le courage qu’il faut pour changer, de se regarder en face et se dire que ça ne va pas, qu’il existe d’autres voies, d’autres chemins. Ce récit, il faut le lire comme on fait le chemin, un pas à l’autre. Ne pas se précipiter vers la fin, savourer chaque passage, le fermer, réfléchir et y retourner. Prendre des temps d’arrêt dans leur course folle de la vie, trouver des moments d’introspection afin « d’entendre ces voix qui ne s’écoutent que dans le silence. » J’espère qu’ils vont utiliser le livret proposé à la fin du récit pour faire leur propre cheminement. Une évidence s’est imposée à moi lors de la relecture et la réécriture de certains passages est que nous nous mentons à nous-mêmes trop souvent. Nous aimons projeter une image idéale de nous mais qui n’est pas nous, autant à nous qu’aux autres. Laissez donc pour un instant tomber les masques et faites face à la réalité, dure mais, ô combien libératrice.
6. Que pouvons-nous vous souhaiter pour ce nouveau bébé?
Qu’il grandisse dans la paix et donne la sérénité à tous ceux qui en viendront en contact. J’espère qu’il prodiguera la joie et le bien-être aux lecteurs et qu’ils voudront après l’avoir refermé avoir hâte d’y revenir retrouver un passage souligné, une page écornée. L’écriture est solitaire, on le sait, on écrit d’abord pour soi et si j’arrive à toucher une seule personne par ce récit, le pari sera gagné.
Merci Gabriel d’avoir répondu à nos questions.